Encore un matin, un matin pour rien... [Drago]

La veille, Johanna et son amie avaient longuement bavardé dans la salle commune des serpentards, au coin du feu. Le sujet étant Dolorès Ombrage, et la tournure que prenaient les choses, depuis son arrivée. Pour sa part, Jo’ n’était pas sûre de la détester. Après tout, elle n’avait jamais eu de réels problèmes avec elle, mis à part la fois où elle était arrivée en retard à son cours. Mais ce n’était que justice. Et puis, cette façon qu’elle avait de s’acharner sur Harry Potter et ses amis ne laissait pas la jeune fille de marbre. C’était un spectacle nouveau à chaque cours, toujours plus passionnant.
En serpentard qui se respecte, Jo’ ne pouvait pas voir en peinture toute la petite bande rouge et or. Leur joie de vivre exaspérait l’irlandaise, pourtant au château que depuis 3 ans. Mais cela lui avait suffit pour se faire une idée sur chaque élèves, ou presque.
Ce matin fut donc égal aux autres et rude. Elle se prépara machinalement et descendit à la grande salle en traînant les pieds, les yeux à moitié ouverts. A croire que son corps connaissait le chemin par cœur. Quelques discussions et verres de jus de citrouille plus tard, elle remonta dans les dortoirs, pour prendre quelques livres de cours. Aujourd’hui, elle n’avait pas cours, mais elle était en retard au niveau des devoirs qu’elle avait à rendre. Et si certains professeurs accordaient des délais supplémentaires aux fainéants, d’autres se montraient plus intransigeants. C’était notamment le cas du professeur Rogue, qui l’avait menacé de l’exclure de son cours, après lui avoir fait perdre plusieurs points, à elle et à sa maison.
C’est donc les mains pleines de livres qu’elle s’élança dans les couloirs du château, décidée à se remettre à niveau au lieu de flâner, comme à son habitude. Sa robe de sorcière volait légèrement au rythme entraîné de ses pas. Son écharpe aux couleurs verdâtres des serpentards étaient joliment nouée autour de son cou, pour contrer la froideur du mois de janvier.
Quelques élèves avaient pris place dans le parc, sur des tables installées ici et là. Le soleil rayonnant rendait l’atmosphère agréable et le cadre était propice à la réflexion. Chargée comme une mule, la jeune femme ne regardait pas vraiment devant elle, aussi ne vit-elle pas le garçon qui marchait à vive allure en direction du château, sur la même trajectoire qu’elle, tête baissée. Et ce qui devait arriver, arriva. . Les deux serpentards se percutèrent assez violemment avant de reculer de quelques pas. Pour sa part, Johanna avait lâché tous ses livres et se massait légèrement la tête, qui avait heurté l’un de ses livres, dans la collision.

« Tu ne peux pas regarder où tu vas ? » Aboya t’elle à l’attention du garçon, qu’elle connaissait plus ou moins, puisque membres de la même maison.

Il n’était pas rare qu’ils se retrouvent dans la salle commune, même s’ils ne fréquentaient pas les mêmes personnes. D’ailleurs, Jo’ eut un mouvement d’observation et regarda à droite et à gauche, s’attendant à voir ses deux molosses de copains. Où étaient-ils ces crétins ? Elle n’avait jamais réussi à savoir s’ils se donnaient cet air idiot volontairement ou si… Enfin bref. Pour l’heure, ils n’étaient pas là, elle était seule face à Drago Malefoy, les mains sur les hanches, attendant la réponse du jeune homme.

Alors là, c’était le pompon. Comment avait-il osé la traiter de la sorte ? Physiquement, ils avaient la même taille, donc le blondinet faisait certainement référence à son nombre d’années passées au château. Jo’ était en 3ème année, et selon elle, il devait être en 5ème ou 6ème année. Pas de quoi faire le malin. Le sourcil légèrement arqué, la jeune serpentard planta son regard glacial dans celui, tout aussi froid, du garçon.

« Je te demande pardon ? » Lâcha t’elle en se demandant toujours s’il se prenait réellement au sérieux, où s’il se rendait compte qu’il avait l’air tout simplement ridicule à jouer les caïds de seconde zone.

En ramassant ses livres, Johanna secoua la tête, vraiment convaincue qu’elle n’avait encore rien vu des recoins de Poudlard. En effet, certains énergumènes, comme celui qu’elle venait de « percuter », en faisait une belle, de découverte. Ne manquait plus qu’à le disséquer, afin de comprendre comment il était capable d’avoir de tels propos. A croire qu’elle s’était adressée à lui de façon inappropriée.

« Ôh, pardonnez-moi, maître, je ne vous avait point reconnu sous vos aspect d’adolescent mal dans sa peau. Comment ai-je pu m’adresser à vous ainsi ? Je suis impardonnable. » Railla t’elle en voyant qu’il prenait vraiment la chose à cœur.

Non mais pour qui la prenait-il ? Ce n’était pas parce qu’il était légèrement plus âgé qu’elle devait s’incliner devant ses caprices. Johanna avait été élevée dans la fierté et le respect et elle n’allait pas se laisser marcher sur les pieds par un sorcier de seconde zone. Bien sûr elle connaissait la famille Malefoy, mais plus pour leurs frasques que pour leurs honneurs. Elle n’avait rien à lui envier. Sa famille à elle, n’était peut-être pas dans la rubrique « faits divers » de la gazette des sorciers, mais elle pouvait néanmoins assurer avec certitude et fierté de son authenticité.
Comme pour en rajouter , ne voulant pas le laisser s’en tirer ainsi, elle ajouta d’une voix froide.

« C’est ta première ballade sans gardes du corps qui te fais pousser des ailes ? » Faisant allusion à Crabbe et Goyle. « As-tu seulement idée des bonnes manières et des gestes à avoir en société ? SO-CIE-TE, ca te dit vaguement quelque chose ? Tu sais, cette chose étrange où plusieurs personnes se croisent, loin des genoux douillets de Papounet Malefoy. »

Johanna ne comptait pas se laisser démonter par une vermine pareille. Son comportement de gros dur n’avait aucune crédibilité et il était bien facile de s’en prendre à une fille. Elle détestait les personnes de son espèce. D’un caractère bien trempé, elle n’avait pas beaucoup d’amis, mais à côté d’une ordure pareille, elle était un enfant de cœur. Elle aussi pouvait user de ses pouvoirs pour entraîner les autres avec elle. Elle aussi, venait d’une famille de sorciers respectables et elle non plus n’avait jamais manqué de rien. Mais contrairement à Drago, elle n’aimait pas mettre en avant tout ça. Pour elle, l’on devait la respecter pour ce qu’elle était, et non pour ce qu’elle avait. Ce qui était loin d’être le point de vu de la famille Malefoy.

« Bon allez, ôtes-toi de mon chemin et retourne terroriser les 1er années. Il n’y a qu’au près d’eux que tu es encore un temps soit peu crédible. »

Sans lui laisser le temps de répondre, elle passa devant lui et partit s’assoir à une table libre un peu plus loin. Bien sur, elle s’attendait à une réponse de la part du garçon, violente même. Peut-être en viendrait-il aux mains ? Oserait-il lui lancer un sort ? Devant tout ce monde ? Cela n’étonnerai pas Johanna, aussi lâche soit-il. Aussi avait-elle placé sa baguette à côté d’elle, au cas où il faudrait riposter dans l’urgence. Avec les gens comme Drago, toucher à leur amour propre n’était pas conseillé. Mais après tout, Johanna n’était pas ce qu’on pouvait appeler « quelqu’un de fréquentable » non plus.