Etude partagée ? (PV Neville)

Profitant d’une matinée de libre, la jeune serpentard avait décidé de se rendre à la bibliothèque du château, les élèves y étant peu nombreux à cette heure si matinale. A huit heures à peine, Johanna était déjà passée par sa salle commune afin de rassembler quelques manuels et cours qu’elle avait laissé en bazard la veille.

Elle avait eu le temps aussi de descendre à la grande salle pour avaler un copieux petit déjeuner. Nulle bonne journée ne pouvait commencer sans un grand verre de jus de citrouille, et quelques toasts à la marmelade. Jo’ en raffolait.

Vêtue de sa robe noire de sorcière, elle quitta donc la grande salle, à peine peuplée, et se dirigea vers les couloirs, ses livres dans les bras. Elle ne savait pas exactement quelle matière elle allait mettre en avant ce matin là, mais elle avait bon nombre de devoirs à rendre, et son retard s’était accumulé. Notamment en botanique, ne voulant pas prêter attention à cette matière qu’elle jugeait futile et inutile.

Mais bon, il n’en restait pas moins que la jeune serpentard était logée au même régime que les autres sorciers, et son professeur n’admettrait pas un retard de sa part, plus que d’un autre élève. Ne voulant pas se faire remarquer, évidemment, elle décida de se plier un peu aux règles et de rentrer, quelques heures durant, dans le « système ».

De toute façon, ce ne devait pas être bien compliqué. De la théorie tout au plus. Si la jeune fille pouvait s’en sortir avec les honneurs en potions ou en défense contre les forces du mal, ce n’était pas un petit exercice sur des plantes quelquoncques qui allait la décontenancer.
Jo’ entra donc dans la bibliothèque dont l’atmosphère sombre et froide lui plaisait particulièrement.
Quelques élèves étaient déjà installée ici et là, révisant pour la plupart. Elle jugea l’espace de travail du regard et opta pour une table, un peu plus loin, vide.
Une fois arrivée à hauteur de la tablette, elle se débarrassa de ses affaires avec hâte et tira la première chaise devant elle.

Sans grande conviction, elle ouvrit le manuel de botanique à la première page, lisant à demi-mots l’introduction du livre qu’elle n’avait même pas pris la peine de lire. Il suffisait à la jeune fille se mettre dans le bain, de se concentrer un peu. La motivation jouait beaucoup chez Johanna, et pour le coup, elle était inexistante.

Impossible pour la jeune serpentard de se concentrer pleinement. Les cours de botanique étaient si… ennuyeux. Ni une, ni deux, elle referma son manuel d’un geste sec et plongea son regard sur un autre livre, traitant de la même matière. Cette matinée s’annonçait interminable. Les yeux perdus entre les lignes, l’esprit à milles lieux, elle ne vit pas entrer un autre élève dans la salle.

Son regard s’échappa du manuel que lorsqu’elle entendit un brouhaha juste à côté d’elle. Non mais, qui pouvait bien faire autant de bruit ? Elle tourna la tête pour la baisser et poser les yeux sur la source du raffut. Evidemment. Jo’ leva les yeux au ciel en reconnaissant le trouble fait. Lui arrivait-il de faire des entrées « normales » ? A croire qu’il était maudit, dès qu’il touchait quelque chose, une catastrophe se produisait.

Au début, cela amusait la jeune fille, mais elle avait vite été lasse des frasques du rouge et or. D’autant plus que sa maladresse semblait captiver la compassion des professeurs, accumulant les points pour les Gryffondors. Outre le conflit de leurs maisons, Jo’ était certaine de ne pas supporter ce garçon, s’en était devenu physique.

« Ben… » Lâcha t’elle, alors qu’il lui demandait s’il pouvait s’installer à sa table.

Le temps qu’elle tourne la tête pour voir s’il n’y avait pas d’autres places de libres, le garçon avait déjà pris place en face d’elle, déballant tous son bazar sous son nez.

*Bah voyons.*

« Hmm. Soit. » Finit-elle par ajouter, accusant le coup avec un demi-sourire forcé.

Certes, ils partageaient la même table, mais rien ne la forçait à engager la conversation. De toute façon, elle n’avait rien à lui dire, et le fait de pouvoir être vue en sa compagnie était déjà assez contraignant comme ca.

Voilà qu’il s’adressa de nouveau à elle, parlant du cours de botanique qu’elle ressassait sans vraiment y faire attention. Il lui proposa son aide, mentionnant ses difficultés à lui, pour ses cours de potion. Essayait-il de lui demander SON aide ? A elle ?
Depuis qu’elle était entrée au château, trois ans auparavant, jamais elle n’avait partagé son savoir avec les autres. Même ses prétendus amis n’avaient jamais étudié en sa compagnie. Plutôt casanière, la jeune fille préférait se débrouiller seule, quitte à y passer plusieurs heures.

« A vrai dire, ca devrait aller de mon côté. C’est… sympa de proposer. »

Cela lui avait presque écorché la gorge de lui répondre et de prononcer le mot sympa en s’adressant à lui, mais elle y était parvenue. Au moins comprendrait-il qu’elle ne souhaitait aucune aide, et certainement pas la sienne. Bon, elle devait avouer qu’en botanique, il n’était pas mauvais, pour ne pas dire très bon, mais il n’en restait pas un élève de Gryffondor, maladroit à souhait.

En un soupir, elle balaya du regard les lignes résumant les particularités des mandragores, choses qu’elle avait du entendre mille fois depuis le début de l’année. Elle ne savait même pas par où commencer pour se remettre à niveau. Aucune idée des choses qu’elle était censée avoir vu ou pas.

Contre toute attente, elle leva la tête en direction de l’impertinent, qui semblait buter sur son devoir de potion.

« Qu’est-ce que tu ne comprend pas ? » Sonna-t-elle, sans le moindre soupçon de douceur dans sa voix. Mais pour Jo’, c’était déjà un bon début, quand on la connaissait.

La jeune préfète, dont la générosité soudaine effraierait toute personne la connaissant, avait les bras croisés, le regard posé sur le garçon en face d’elle. Elle lui avait demandé ce qu’il ne comprenait pas et attendait qu’il s’explique à ce sujet. Tout ce qu’elle savait, c’est que la matière redoutée par Neville était les potions. Celui-ci lui montra son parchemin vierge et Jo’ en lu le titre. Les philtres de confusion. Elle l’avait justement étudié récemment, puisqu’au programme de Potions des troisièmes années. Quant au rouge et or, n’était-il pas censé en connaître le cours, depuis le temps ?

Bref. L’heure n’était pas aux questions quant aux aptitudes du garçon. Johanna prit le manuel de son interlocuteur et l’ouvrit aux pages concernées.

« Le philtre de confusion ? Il n’y a rien de bien compliqué, tu buttes sur des choses inutiles, si tu veux mon avis. »

Bon, certes, elle n’était pas très agréable, mais elle l’aidait, c’était déjà ça. Aussi réfléchit-elle quelques instants pour mettre en forme une définition plus « claire » pour le garçon.

« Disons que ce philtre permet de rendre confus toute personne qui la boit et mène à des conduites impétueuses et téméraires. En gros, tu n’auras jamais à t’en servir, aussi sage sois-tu. » Dit-elle en levant les yeux au ciel.

Elle se rappela ensuite les ingrédients de ce philtre et lui énonça, pour compléter la définition.

« Pour confectionner ce philtre tu as besoin de plusieurs plantes : cranson officinal, livèche et achillée sternutatoire. »

Pour tout élève passant au même moment, Jo’ devait parler une langue inconnue, mais la jeune fille ne doutait pas du fait qu’il savait de quoi elle parlait, lorsqu’elle mentionna le nom des plantes. Aussi ses aptitudes en botaniques ne lui étaient pas complètement inutiles.
Il faut dire que les explications de Johanna n’étaient pas ce qu’il y avait de plus clair. Elle lui avait résumé la chose sans vraiment essayer de comprendre ce qu’il ne saisissait pas. Elle lui tendit une plume et planta son regard sur lui.

« Vas-y, lances-toi. En dessous du titre, tu listes les ingrédients. » Commença t’elle, en pensant aux présentations demandées par leur professeur de potions. Elle savait exactement ce qu’il attendait et comment rendre le devoir du garçon impeccable, au futur étonnement de Severus, certainement.

« Ensuite, tu vas écrire quelques lignes pour résumer la signification du philtre de confusion, puis tu citeras les effets néfastes, et secondaires. »

Elle n’allait pas lui mâcher le travail non plus. D’ailleurs, elle était sûre qu’il n’avait pas besoin d’elle, dans le fond, pour y parvenir. Elle l’aidait sans vraiment le faire, il avait plus besoin d’assurance que d’autre chose.
Pendant ce temps, Jo’ délaissa complètement son cours de botanique, déjà à mille lieux de ses pensées. Il faut dire qu’il n’en fallait vraiment pas beaucoup pour sortir ce genre de cours de ses pensées.

Neville s’était exécuté suite aux directives de Jo’. Et comme elle le devinait, il ne lui fallut que quelques minutes pour boucler son devoir. Il faut dire qu’il n’y avait rien de bien sorcier à faire les devoirs demandés par le professeur Rogue. Enfin, fallait-il encore s’y connaître un minimum dans la matière. L’on pourrait dire la même chose de la botanique, et pourtant…

Le gryffondor relança alors le sujet sur le devoir de Johanna, laissé à l’abandon. Elle mit quelques secondes avant de recadrer le tout. Elle l’avait complètement sortit de sa tête…

« Ah, oui, c’est vrai. » Grimaça-t-elle.

Voila que le rouge et or reformula sa proposition d’aide. Puisqu’elle avait refusé qu’ils le fassent ensembles, il devait se dire que la préfète préfèrerai qu’il lui fasse carrément le travail.
Johanna n’était pas du tout ce genre de personnes, et jamais, depuis son entrée au château, elle n’avait eu recourt à ce genre de pratiques. Tout ce qu’elle réussissait, elle savait qu’elle l’avait mérité. Tout ce qu’elle entreprenait, c’était seule. Jamais elle ne laisserait quelqu’un faire l’un de ses devoirs.

Déjà elle n’avait pas assez confiance en quelqu’un pour le laisser remplir un parchemin et signer de son nom à elle sans savoir l’exactitude de la chose. De plus, elle ne voulait rien devoir à personne. Même si avec le garçon, elle avait la certitude d’avoir une bonne note à la clef, elle refusa catégoriquement.

« Quelle idée. Hors de question. Tu passeras les examens de fin d’année à ma place aussi ? » Le sonna t’elle, les sourcils froncés.

S’il était des défauts que l’on pouvait à trouver à la jeune fille, ce n’était certainement pas le manque d’intégrité. Pleine de principes, elle ne se laissait jamais démonter. Elle avait beau être froide, exécrable, manipulatrice… Elle n’en restait pas moins entière.

Ouvrant de nouveau le manuel de botanique, la préfète planta sa plume sur le parchemin vierge devant elle et regarda Neville tout en écrivant le titre : Filet du diable. Jo’ devait en faire la carte d’identité. Mais jusqu’à présent, dans son manuel, elle n’avait eu que très peu d’informations. Elle savait juste que la plante n’aimait pas la lumière… Qu’elle venait du Brésil… Mais rien de plus. Le travail était alors de chercher les informations dans d’autres manuels, ou alors, d’avoir écouté en cours.

Cette fois-ci, elle n’y était pour rien. Bien que d’habitude, elle soit consciente que sa présence en cours de botanique relève plus de la décoration qu’autre chose, cette fois là, c’était différent. C’était son premier cours depuis des mois d’absence. Elle était à peine rentrée au château, suite à de tragiques évènements familiaux et sa tête était à mille lieux des plantes et graines du Pr. Chourave.

Son esprit avait été à mille lieux de n’importe quel cours d’ailleurs. Mais depuis, elle avait reprit le dessu, et prenait sur elle pendant les cours. Le cours sur les filets du diable, donné quelques semaines auparavant, n’en restait pas moins un mystère pour elle.