Au bout de ma plume...

Invité

Cela faisait plusieurs mois que les Poufsouffle de la connaissance d'Eleanor Hopkins, élève de sixième année, retenaient leur respiration avec anxiété. Les bruyants éclats de rire qu'émettaient autrefois la jeune fille et qui résonnaient pendant quelques minutes dans la salle commune s'étaient brusquement éteints, sans que personne n'en connaisse la cause. Sa vitalité, son entrain, avaient brusquement disparu. Son sourire rayonnant avait fait place à une figure de zombie. Enfin, elle n'était pas dans son état normal !

Mais ce n'est pas tant la durée de cet état qui inquiétait ses amis (car cela allait faire trois mois qu'elle évoluait à la manière d'un fantôme) mais son brusque côté taciturne et solitaire. La compagnie, qu'elle avait jusque ici recherché à tous prix, était brusquement rejetée, de sorte qu'elle parlait rarement aux autres. Elle se retranchait dans des lieux calmes et peu fréquentés, des lieux de plus en plus insolites ! Un dimanche en quittant la Grande Salle au déjeuner, Justin Finch Fletcher l'avait vu se diriger vers le placard à balais de Rusard et l'avait vu n'en ressortir que trois heures plus tard. Et Hannah Abbot affirmait, que dès qu'elle entrait dans le dortoir et que seule Eleanor y était, cette dernière cessait toute activité et sortait en hâte, en parlant le moins possible. On la voyait passer de plus en plus de temps à la bibliothèque, mais son attitude n'était pas celle d'une élève studieuse : elle se levait, posait un livre fermé sur sa table, et restait deux à trois heures à contempler la couverture du livre auquel elle n'avait pas touché. De temps à autres, elle s'emparait de sa plume et écrivait frénétiquement sur une dizaine de rouleaux de parchemin à la suite.

Non, quelque chose n'allait pas, mais personne n'osait lui demander de quoi il s'agissait, par crainte de susciter une brusque colère, comme Eleanor seule en avait le secret. Car oui ! Depuis quelques temps, elle était devenue colérique. Elle qui était d'habitude si calme, si posée et qui encaissait tout ce qu'on pouvait lui dire, se mettait brusquement à réagir à un mot, un geste. Elle criait, lançait tout objet qu'elle avait sous la main, frappait contre les murs. Une vraie furie ! Enfin, vous l'aurez compris, elle s'était enfermée dans un univers bien à elle, et ne laissait personne approcher de cette forteresse invisible.

Ce samedi après-midi, elle s'exila une fois de plus à la bibliothèque, posa l'Histoire de Poudlard sur sa table et en contempla la couverture pensivement. C'est alors qu'une élève s'approcha d'elle : Eleanor leva la tête et reconnut Hermione Granger, la meilleure élève de Poudlard. Elle l'observa d'un regard vide quelques instants et réagit enfin.

Oh ! Hermione !