Dreaming of a white Christmas

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Une nuit de janvier 1996. Le château s'était finalement endormi, bercé par la neige qui tombait, recouvrant le parc d'un tapis poudreux, de sorte que si les ronflements du Moine Gras ne résonnaient pas dans cachots, on se serait cru à Noël.

Katrina, qui avait par miracle réussi à rester pendant les vacances, n'arrivait pas à dormir ce soir-là. Pour tout dire, elle pensait trop. Elle pensait à sa pauvre et pitoyable mère, qui avait du pleurer toutes les larmes de son corps lorsqu'elle s'était rendue compte que sa fille provoquait un conflit avec son père pour ne PAS venir pendant les fêtes, à sa grand-mère, toujours froide et au-dessus de tout. Elle devinait la réaction qu'elle avait du avoir, partagée entre l'admiration et la fierté d'avoir une petite-fille si têtue et prête à tenir tête à tout et la honte face à son insolence et son manque de respect envers un homme plus âgé. Elle pensait à César, qui devait être le centre des attentions. Et tant mieux pour lui ! Et elle pensait à son paternel, encore et toujours. Celui qui était la cause de toutes ces souffrances ! Celui qu'elle ne pouvait plus supporter depuis la naissance de César ! Celui qu'elle voudrait, un jour, tuer de ses propres mains !

Elle rejeta la couette avec hargne. Elle n'avait pas envie de dormir ! Elle voulait voir la neige ! Bougonnant et sans faire attention aux filles qui dormaient à côté d'elle, Katrina enfila une robe de chambre vert, qui mettait son teint pâle en valeur, lui donnant des allures de poupée de porcelaine. Elle enfila des escarpins, mit sa baguette dans sa poche par habitude, et sortit du dortoir.

Lorsque Katrina avait une chose en tête, il était impossible de le lui faire oublier et par Merlin, si elle voulait voir la neige, elle la verrait ! Lubie ou pas ! Sortant des cachots à petits pas rapides, elle ne tarda pas à se retrouver dans le hall. Ralentissant devant le bureau de Rusard (car le Cracmol ne laisserait pas passer une occasion de la punir, même quelques jours après le Réveillon !) elle prit l'escalier qui menait au premier étage et s'approcha d'une fenêtre. La neige tombait, toujours aussi apaisante. La petite s'assit sur le rebord et contempla le parc. La cime les arbres de la Forêt Interdite étaient recouverts de neige, comme dans les livres d'image. Cela lui donnait un côté féérique que Katrina ne supportait pas en tant normal mais cette nuit-là, elle était loin d'avoir la tête aux livres d'images.

Qu'il crève ! chuchota-t-elle à l'adresse de son reflet fantômatique.

Elle ferma les yeux et appuya son front contre le carreau, se concentrant sur le contact glacé de la vitre sur sa peau. Comment pouvait-il être aussi mauvais que ça ? Et comment pouvait-elle le laisser lui pourir la vie encore et toujours ! Elle se refusait à ressembler à sa mère. Pauvre d'elle ! Elle s'était laissée embobiner ! Il l'avait forcée, elle s'était pliée. Elle avait finit par l'aimer pourtant et lui pardonnait tout ! Comment pouvait-elle faire ?

Citation :: Tu lui dois....

Le respect je sais ! Et l'amour pour la vie qu'il m'a donné ! ajouta-t-elle, coupant la petite voix qui s'était glissé à son oreille.

Mais c'est injuste ! Et il le paiera ! Pourquoi est-ce qu'on devrait respecter nos parents s'ils ne le font pas eux ! C'est pas nous qui avons demandé à venir au monde par Morgane !!

Elle s'interrompit : elle avait juré voir deux yeux jaunes à côté des escaliers. Se taisant, elle plissa les yeux pour y voir davantage dans l'obscurité. Non rien.

Aah !

C'était bien Miss Teigne ! La chatte s'était glissé sournoisement vers elle jusqu'à se frotter contre ses jambes, la nargant. Saleté !

La jeune fille se leva et monta dans les étages, espérant semer l'horrible sbire du Conciarge. Arrivée au palier du troisième étage, elle se retourna. La chatte était toujours derrière elle, grimpa les escaliers avec souplesse. Grimaçant, Katrina se dirigea vers la salle des armures : s'y enfermer et attendre quelques heures que l'animal se lasse et redescende.

La porte grinça et la jeune Serpentard se glissa à l'intérieur. Mais voilà, quelqu'un d'autre était là, devant la fenêtre, sa haute silhouette se dressant devant la fenêtre, menaçante. Katrina étouffa un cri.

Qui est là ?!

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« N’est pas peur ! »

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Personne ne lui répondait. Furieuse, plus contre elle-même qui était effrayée que contre son interlocuteur, elle reposa sa question. Son coeur cognait contre sa poitrine : l'inconnu la terrorisait, et ce n'était pas peu dire. Mais ce côté de sa personnalité, qui la rendait aussi humaine et vulnérable qu'imparfaite ne lui plaisait pas du tout.

Serrant les poings et prenant son courage à deux mains, elle s'approcha de la silhouette, s'apprêtant à rabrouer l'individu qui lui faisait l'affront de la laisser sur sa fin. Pendant quelques secondes de silence, elle chercha quelques traits d'esprit qui pourraient la rendre victorieuse mais s'interrompit : il était dans sa nature de chercher des noises aux élèves et d'être insolemment respectueuse envers les adultes, mais si cette silhouette appartenait à un professeur ?

Katrina fit la moue. Elle était désarçonnée, nouvel état d'esprit qui lui faisait horreur !

Fiente de hibou tu vas répondre oui !

Citation :: Lumos !

La brusque réaction de l'ombre auparavant inanimée la fit sursauter. La clarté de la baguette lui permit néanmoins de reconnaître l'intrigant personnage qui se tenait devant elle : le professeur Johns.

Elle savait que ce dernier n'était pas dans son assiette depuis que le professeur Ombrage l'avait viré, il n'y avait qu'à voir l'air peiné ancré sur sa figure enfantine pour le comprendre, mais elle n'avait pas encore osé lui adresser la parole. Elle et lui se connaissaient pourtant depuis quelques années, ayant sympathisé devant une boutique de l'Allée des Embrumes trois ans auparavant.

Citation :: N’aies pas peur !

Soudain soulagée, car en tant qu'ami il ne la dénoncerait pas, Katrina se redressa de toute sa petite taille et répondit immédiatement :

Voyons ! Comme si j'avais peur de vous !

Un doute l'assaillit soudainement... en tant qu'ancien professeur, elle n'était certes plus sous sa responsabilité mais en tant qu'habitant du château, Ichabod restait-il en mesure de la punir ?

* Il ne le ferait pas... * se dit-elle. Mais il s'agissait là davantage d'une prière que d'une affirmation.

Rangeant sa baguette magique, qu'elle avait prudemment sortie quelques secondes auparavant, elle changea de ton, celui-ci pdevenant plus assuré, plus félin également.

Alors alors... Que fais le professeur Johns dans la salle des armures à cette heure avancée de la nuit ? Un rendez-vous galant je suppose ? railla-t-elle.

Si Katrina prenait plaisir à embêter et torturer les élèves de l'école, elle avait toujours pris beaucoup de plaisir à taquiner Ichabod. Bien que le ton fut le même, l'intention était totalement différente.