Punition à l'inquisition.

Les évènements des derniers jours claquaient encore dans la tête de Joey et même s'il avait repris les cours, ni Dumbledore, ni McGonagall n'étaient venus à la rencontre de Joey pour savoir de façon définitive ce qui s'était réellement déroulé dans la bibliothèque. La vie avait repris son petit bonhomme de chemin, et le blondinet finissait par croire que tous les autres élèves été commandés de ne rien évoquer de ce qu'ils savaient. Finalement Joey en avait déduit que Dumbledore et McGonagall l'avaient livré en pâture à Ombrage et qu'elle faisait image de fauve ayant gagnée un trophée. Ce trophée étant Joey, ce dernier s'attendait à être dépecé et manger morceau par morceau. Ombrage était une teigne, Joey lui avait craché son venin à la figure, et il s'en était tenu là. Pas elle.
Arrivé à la porte d'entrée, Joey chercha partout après Harry, sachant qu'il avait été convoqué pour une punition, mais il ne le vit pas. Peut-être avait-il été convoqué un autre jour ?!
La porte du cobra était fermée, et Joey sortit sa main, forma un poing et tambourina comme un sourd. Sans ouvrir, il attendait qu'une voix haut perchée lui demande d'entrer.

Ombrage versait trois grosses cuillérées de sucre dans son thé et remua doucement. Elle le porta ensuite à ses lèvres et le but à petites gorgées. Quelques minutes après quelqu'un tambourina à la porte. Si Dolores n'aurait pas eu un grand sang froid elle aurait laché la tasse sous l'effet de la surprise. L'enseignante de défense contre les forces du mal but une dernière gorgée, reposa la tasse sur la soucoupe et s'éclaircit la gorge.

- Oui ?

Les chats représentés sur les assiettes s'étaient tous levés pour observer Joey qui venait d'entrer. Dolores lui fit un sourire.

- Entrez mon cher monsieur Stempleton. Votre brutalité sur ma porte vous coutera un quart d'heure supplémentaire de retenue. Ne vous en faites pas j'ai tout mon temps.

Elle tendit l'oreille pour voir si le jeune serdaigle serait assez bête pour répliquer mais voyant que visiblement il avait comprit la leçon elle lui désigna la table d'un signe de tête.

- Assis... s'exclama-t-elle d'une voix chantante.

Une fois l'autorisation avait-elle retenti, que Joey manqua de lacher une bonne rasade de rire. Assiettes, couleurs, tasses, tout était d'un quitsch sans nom ! Quelle mascarade pour une inquisitrice : de rose vêtue, en compagnie de chats roses, dans des assiettes roses. Joey préféra ne plus y faire attention, et s'assit. Ombrage buvait du thé, et elle paraissait à l'aise. Qu'allait-elle lui faire subir ? Joey posa son sac, et attendit les bras croisés que l'inquisitrice lui fasse exécuter sa tâche. Harry avait parlé d'une sentence peu commune, mais Joey n'avait pas entendu les explication de Harry jusqu'au bout, il aurait du rester.
Les dés étaient jetés, et sûrement qu'en aucun cas ni Dumbledore ni McGonagall n'auraient ouvert la porte pour venir interrompre ce carnaval.
Joey s'était assis sans même dire bonjour, sans même adresser un regard à Ombrage et ne parvenait pas à se défaire de son insolence. Insolence relative puisqu'il n'avait pas ouvert la bouche.
Comme tous les élèves qui patientent après leur professeur Joey sortit sa gerbille, et s'amusa avec. Mais il la rangea rapidement au cas ou l'autre déglinguée lui prendrait l'envie de la transformer en quelque chose de pas naturel.

Joey avait du se contenir pour ne pas employer sa baguette. Et même si Ombrage était son ainée elle ne devait pas avoir mille tours dans son sac de magie. Mais la raison l'avait emporté et Joey dû se résigner à la punition infligée. Des lignes, sans encre, et pas de plume ! Soit. Mais qu'était-ce cette sentence si obscure ? La porte se ferma et les clinches retentirent en un cliquetis violent. Joey posa les coudes et ferma les yeux en pensant qu'elle pouvait faire ce qu'elle voudrait avec lui. Et toujours pas un mot ni un signe de vie de Dumbledore. McGonagall elle, brillait par son absence et le blondinet finit par penser que les deux directeurs n'avaient d'yeux que pour Harry.
Mais la rancune n'habitant pas Joey, il sut distinguer que si Dumbledore restait muet, c'est qu'il avait de bonnes raisons. Quoi qu'il en soit Joey persévérait dans sa confiance envers Harry.
Joey attendit qu'elle fermât la porte, et ne put s'empêcher de se retourner vers un chat en répondant aux regards soutenant de ces derniers, en soufflant comme l'un deux.

La punition pouvait débuter car l'inquisitrice en chef mandatée par le ministère l'avait décrété. Joey dût retenir la phrase qui faisait l'objet du sévice, et commença à inscrire les premiers mots sur le haut de la page. Joey était empli de doutes ! Comment une femme si pernicieuse pouvait s'en tenir à ordonner de simples lignes à un élève qui lui avait tenu tête durant près d'une heure, et en présence d'un autre professeur. Gêné par ce fait, Joey tourna la tête discrètement de droite et de gauche afin de voir si une tuile ne lui tomberait pas sur le coin du nez. Rien en vue ! Après une ligne d'écriture, le jeune Serdaigle ressentit comme une crampe au poignet et sentit la vive envie de se dégourdir le bras. Impossible de lâcher la plume, comme si l'outil souhaitait que la main de Joey s'évertue à poursuivre ces inscriptions malsaines.
A force de copies et de copies encore répétées, la main de Joey battait comme si un coeur s'y était installé. Joey s'aperçut que la douleur s'estompa. Lançant un bref regard à Ombrage il dévia vite ses yeux pour se rendre compte que la douleur s'intensifiait. Elle rajouta aux crampes du poignet des saignements insupportables comme si un tortionnaire scarifiait le dessus de la main du blondinet.
Joey ne put réprimander un son de douleur étouffé, et baissa les yeux afin de se concentrer dans la poursuite de cet exercice affreux et totalement illégal. Joey entamait la dixième ligne lorsque sa main enfla et devint entièrement rouge. La douleur lui procurait comme un réchauffement grandissant, un peu comme les poëles allumés des salles communes. Les braises incandescentes ne lui auraient guère fait plus de dégâts.
Le jeune Serdaigle plongea sa tête dans son coude de l'autre bras, et haleta comme pour dissiper les convulsions de sa main. Une larme de douleur coula sur sa joue, mais Joey tenait bon et entama sa treizième ligne. Pas question de flancher.
Au souvenir de Joey, il avait mis en garde le professeur McGonagall que si Ombrage intentait quoi que ce soit de déplacer à son égard, il en réfèrerait à des instances proches du ministre :

" Je vais continuer votre mascarade... Hmmf ! Fssss, mais sachez madame Ombrage... " Joey dut s'interrompre car une nausée le guettait.

" Ma mère est une auror, et ... Hmmf sss, aux prochaines vacances elle sera mise au courant... Aïeeeeuh, de vos pratiques."

Et rabaissant la tête Joey inscrivit le premier mot de la quatorzième ligne de punition.

Joey dut contenir toute la rage qu'il emmagasinait depuis des jours. Les menaces qu'Ombrage venait de perpétrer à l'encontre de sa mère le figea sur place. Mauvaise qu'elle était, cette vieille rombière serait capable de déstabiliser la carrière de sa mère. Avant même que le jeune Serdaigle ne pense à quoi que se soit, il ressentit un pincement infligé par un ongle enfoncé volontairement. C'en était trop. Joey lâcha un cri et l'étouffa aussitôt. Jamais il ne faudrait qu'elle pense qu'émanant du jeune garçon , la douleur le toucherait. Il fallait rester stoïque. Fronçant les sourcils, Joey ravala son cri, et haleta dans l'espoir de voir disparaitre une nausée qui le guettait. Il ferma les yeux et se mit à penser à Dolly, son chien adoré. Cette bonne vieille mémère aurait fait du pâté de groin avec cette Ombrage, mais Dolly n'était pas là. Pas plus que tout le corps enseignant de l'école. Aucune révolte de la part des élèves, aucune indignation des professeurs. Il fallait laisser faire la vieille pie, se taire, et fermer les yeux. Joey avait les siens fermés, mais pour supporter une douleur indicible.
La transpiration envahit son front mais la nausée était partie. Il lança un regard noir, de ces regards que Joey sait envoyer comme un maléfice, et débuta une autre phrase.
La quinzième phrase de sa punition.

Ombrage venait d'avoir une idée. Puisque Joey ne semblait pas avoir répliqué c'est qu'il aimait sa mère et qu'il ne voulait pas qu'elle soit en mauvaise posture à son travail. Aussitôt le cerveau volcanique de la Grande Inquisitrice se mit à bouilloner et elle élabora un projet de vengeance qui lui donnerait un bon prétexte pour se débarrasser de tous ses opposants.

- Monsieur Stempleton j'ai une tache à vous confier... Vous allez espionner Albus Dumbledore pour moi et me ramener les preuves qu'il manigence quelque chose. Vous devrez également surveiller McGonagall, personne ne peut se fier à elle et à ses aires de petite dame parfaite sur les bords... Si vous réussissez votre mère aura une promotion et vous serez largement récompensé.

Elle fit un sourire qui laissa découvrir ses dents pointues.

- Par contre si vous refusez de collaborer votre mère aura un dossier tellement chargé de fautes professionnelles qu'elle devra en répondre devant le mangenmagot. Je ferais tout pour qu'elle soit accusé de corruption et qu'elle soit placée à Azkaban. Et pour vous vous devrez subir ces séances de retenue TOUS les soirs jusqu'à la fin de l'année, en supposant bien sur que votre sang se fabrique assez rapidement.

Oui Dolores Ombrage était odieuse. Joey avait-il vraiment le choix ?

Joey terminait sa quinzième ligne. Au fur et à mesure qu'il avançait dans son interminable punition sa main prenait les allures d'un vieux steak périmé. Ombrage avait ajouté au supplice de la retenue un ultimatum. Celui de surveiller Albus Dumbledore ! Rien que ça ! Si toutefois Joey refusait, dans la foulée de son délire, Ombrage saccagerait la réputation et la carrière de Leslie Stempleton. Ce qu'Ombrage ignorait c'est que Leslie Stempleton travaillait en couverture et que son recrutement était resté une énigme pour l'administration traditionnelle. Cependant Joey n'avait aucune envie de jouer les espions, ni pour Dumbledore, et encore moins envers McGonagall. Que pouvait-il être plus important aux yeux de Joey ? Sa main déjà meurtrie ou la carrière de sa mère ?! Sans parler des deux directeurs et tout le mal qui en découlerait . Joey opta pour la facette du puni sérieux. Rien ne laissait transparaitre qu'il qu'il en prenait un coup avec les élucubrations de l'esprit dérangé de l'inquisitrice. Il eut énormément de mal à se contenir. Pour faire preuve du total désintérêt des propos d'Ombrage, Joey mima qu'il plongeait sa plume dans le sang de sa main afin de poursuivre sa seizième ligne.
Le blondinet dut fournir un effort surhumain pour ne pas cracher ses entrailles. Afin de chasser une seconde nausée il leva la tête et s'imagina que les maudits chats roses et bleus étaient entrain de rôtir dans les cuisines de l'école. Puis doucement Joey baissa les yeux sur sa copie et inscrivit pour la dix-septième fois le premier de sa punition.