Un voyage angoissant...

Le 1er septembre était pour tout apprenti sorcier une date importante car il s'agissait de la date de la rentrée scolaire. Tous les jeunes sorciers de Grande Bretagne âgé de onze à dix-sept ans se retrouvaient généralement sur un quai de la voie de King's Cross en plein coeur de Londres.

Ophélie faisait partie de ces gens là. Encore âgée de dix ans, car étant née la nuit de Noël, elle était assez intimidée par ses hautes silhouettes vêtues de noir qui attendaient sur le quai, grimpaient dans le train, hissaient leurs valises dans le wagon à bagages ou serraient leur parents dans leur bras. Elle, ne montrait aucun signe apparent d'excitation contrairement à la veille, et paraissait effrayée à l'idée de se retrouver avec plein d'autres sorciers dans une école consacrée à la sorcellerie.

Après avoir vaguement senti sa mère qui la presser contre sa poitrine, elle leva les yeux vers son père qui lui faisait ses recommandations de dernière minute, pourtant elle ne semblait pas l'entendre. Elle était littéralement paralysée à l'idée d'aller à Poudlard, alors qu'elle avait rêvé toute sa vie de s'y rendre et d'y étudier. Seulement, maintenant qu'elle était devant le fait accompli, elle était prise d'un vertige... Ses parents étaient si fiers d'elle, ils en attendaient tellement de leur fille chérie. Si elle ne se montrait pas à la hauteur ?

Son regard tomba sur deux élèves qui semblaient se retrouver après ces deux mois de vacances. Elles avaient l'air de bien s'etendre... Est-ce qu'elle aussi se ferait des amis à Poudlard ? Elle avait eu tellement de mal à s'en faire à Oxford et à peine elle avait eu le temps de s'y attacher qu'il fallait déjà les quitter.

Citation :

Montes vite tu vas manquer le train...

Elle releva la tête et posa son regard encore tout rêveur sur son père. Oui, bien sûr, elle ne devait pas manquer le train. Après avoir embrassé ses parents, elle monta dans le train et s'arrêta dans le couloir pour observer leur réaction. Tout cela semblait si irréel... Elle allait étudier dans la plus grande école de sorcellerie du monde ?!

Le train s'ébranla. Elle resta un bon quart d'heure le visage contre la fenêtre à regarder le paysage défiler et à regretter sa famille et ses petites habitudes. Elle n'avait pas envie de pleurer, ni envie de rire. Elle se sentait tout simplement perdue. C'est en somnanbule qu'elle se dirigea vers le premier compartiment venu. Il était occupé.

Excusez-moi... ça vous dérange si je m'assois là ?

Elle était toute timide, toute rougissante et osait à peine lever les yeux vers les occupants du compartiment.

Citation :

Je t'en pris entre et assieds-toi.

La jeune fille releva les yeux. On l'avait convié à s'assoir d'un manière très simple et très polie à la fois. Elle s'étonna d'ailleurs de voir qu'on la respectait ce qui était fort étrange étant donén que depuis toute petite on lui avait appris que respecter les autres c'était se respecter soi-même. Mais elle n'en aurait pas tant attendu d'un élève de l'école. Sa surprise était telle qu'elle se contenta de bafouiller quelques mots de remerciement.

Hum... euh... Merci beaucoup... hum...

Elle déposa son sac de voyage sur la banquette d'en face et se cala près de la fenêtre sans même regarder son interlocuteur de sorte qu'à cet instant précis, tout ce qu'elle savait de lui était qu'il s'agissait d'un jeune garçon brun aux bonnes manières. Elle ne dit rien, trop timide pour entamer quelque conversation que ce soit et s'installa du mieux qu'elle pouvait, collant sa tête contre la vitre, regardant défiler le paysage à toute allure. Malgré cette apparente fascination pour la nature qui les entourait, elle ne pouvait s'empêcher de lancer des coups d'oeil furtifs en direction du jeune homme : il l'intrigait et si sa mère ne lui avait pas tant répété qu'il ne fallait pas fixer les gens avec insistance, elle l'aurait dévisagé de la tête aux pieds.
Il ne paraissait pas très grand, et Ophélie fut même étonnée qu'il soit en âge d'aller à Poudlard, de sorte qu'elle en conclut que s'il était dans ce train, c'était que lui aussi allait entrer en première année.

Elle reporta son regard sur l'extérieur car le jeune homme, qui semblait captivé par ce qu'il lisait, venait de tourner la page. On pourrait penser qu'un tel geste ne l'aurait pas dérangé dans ses observations mais elle avait pour habitude, lorsqu'elle lisait, de relever un instant les yeux lorsqu'elle tournait une page. c'est donc instinctiveme,t qu'elle détourna le regard, au cas où lui aussi avait cette manie.
Le soleil jouait à cache-cache derrière les nuages ce qui ne laissait présager rien de bon. Elle avait lu que Poudlard se trouvait quelque part dans le nord, bien que personne, à part Dumbledore et sans doute quelques professeurs n'en connaissent la position exacte et elle se doutait donc qu'ils allaient trouver de la pluie en arrivant au collège. Comme si les nuages devinaient ses pensées, de groses gouttes de pluie frappèrent violemment la vitre ce qui la fit sursauter. Elle tourna les yeux vers le garçon, rougit et reporta son attention sur l'extérieur.

Elle crû voir qu'il avait de grandes oreilles et lorsqu'elle fut certaine que son regard s'était reporté sur son livre, elle l'observa de nouveau. Effectivement il avait de grandes oreilles qui contrastaient énormément avec sa petite tête. Elle eut un frisson. Evidemment, collée contre une fenêtre glacée, elle ne pouvait qu'avoir froid ! Elle sortit un cardigan soigneusement plié de son sac et l'enfila. C'est alors que son regard se posa sur le livre et une envie irrésistible d'en connaître le titre la prit. Elle tordit discrètement le cou mais lorsque son voisin bougea, elle se redressa, droite comme un "i".

* Oooh... C'est impoli ce que je fais là... je ferais bien mieux de lui demander... *

Elle était prise au piège par son propre caractère : d'un côté elle voulait être polie et respectait celui qui la respectait et d'un autre côté elle était bien trop timide pour lui demander quoi que ce soit... Mais le titre de ce livre il le lui fallait enfin ! La curiosité est en effet un bien vilain défaut...

* Bon... Je le saurais plus tard, quand il se lèvera pour sortir ou qu'il rangera son livre *

Et elle reportait son attention sur le paysage, la vitre froide, la pluie, les herbes pliées en deux par le vent. Elle l'entendit bouger, elle tourna la tête rapidement dans l'espoir qu'il allait lui laisser entrevoir la couverture et...

* Et zut ! *

Elle soupira bruyamment et s'avachit sur la banquette et delà où elle était, elle distingua le titre.

Le songe d'une nuit d'été ! J'adore cette pièce ! C'est une des plus belle que Shakespeare ait écrit !

Ce n'est qu'après que ces mots aient franchis ses lèvres qu'elle se rendit compte qu'elle avait parlé et ce n'était pas une conversation anodine car son ton était passionné et pour cause : elle adorait Shakespeare et aurait pû se vanter d'avoir lu presque tout son répartoire. Des tragédies, aux poèmes et passant par les comédies. Oui, Shakespeare était de loin son auteur anglais préféré. D'ailleurs, n'était-ce pas dans Hamlet que le personnage d'Ophélie était si touchant ?
Elle ne put s'empêcher de rougir et de baisser les yeux. Elle n'osait plus prononcer un mot : elle était bien trop spontanée ! D'ailleurs, son père le lui reprochait souvent.

Peter lisait depuis déjà quelques minutes lorsque la voix de la jeune fille qui était en face de lui résonna dans le compartiment, lui demandant si c'était bien du Shakespeare qu'il était en train de lire. Décidément Peter avait déjà lu que les filles étaient de nature curieuse mais il ne pensait pas que ce soit si vrai.^^
Il contempla la jolie jeune fille et rougit légèrement. Il avait déjà envie de lui prendre la main, mais ça il n'oserait jamais. Peter se souvint alors d'un ancien amour qu'il avait eu deux mois auparavant. La fille il la connaissait depuis plus d'un an. Au début elle avait juste été une amie superbe, partageant les même passions que le jeune homme. Seulement bien vite ils s'étaient rendus compte qu'ils s'aimaient. Seulement l'amour n'est pas une chose facile. Chaque fois qu'ils se parlaient pas courrier, les mots n'étaient pas un problème ; seulement une fois en face l'un de l'autre ils n'osaient plus rien se dire. Peter regrettait un tas de choses. Il n'avait jamais pu lui dire je t'aime en face, de peur de sa réaction. Heureusement il avait pu lui toucher les mains mais il lui avait fallut un jour entier de réflexion avant d'oser demander. Et voila maintenant il s'en allait, le Poudlard Express mettait de plus en plus de distance avec la belle jeune fille qu'il avait laissé dans le monde des moldus. Si seulement il avait pu lui dire qu'il l'aimait. A présent il y avait beaucoup de choses qu'il regrettait.

C'est donc le coeur déchiré en deux que Peter se décida de répondre à la jeune fille en face de lui.

- Oui...

C'est tout ce qu'il trouvait à dire. Il y eut soudain un blanc entre les deux jeunes gens et Peter, trop lâche pour oser regarder une fille dans les yeux retourna à sa lecture.

*Attends c'est impoli ce que tu es en train de faire*

*Mais elle se fiche de toi ! Tu es minable, tu ne pourras jamais l'intéresser !*

Il fallait tout de même qu'il trouve quelque chose à dire !

- Tu es moldue ?

Même si sa question était stupide, au moins il n'avait pas bégayer !

Lorsqu'elle vit la réaction du jeune homme, elle comprit qu'elle n'aurait jamais dû parler et rougit encore davantage. Il était évident qu'il était plongé dans sa lecture et, comme elle, ne devait pas aimer être dérangé. Il prit néanmoins la peine de répondre.

Citation :

Oui...

Elle lui sourit gentillement. Il avait l'air tracassé et paraissait aussi gêné qu'elle. Elle s'en voulut : elle n'aurait pas du lui adresser la parole alors qu'il paraissait si concentré. Si son père avait été présent, il lui aurait lancé un regard lourd de sous-entendus et ne l'aurait, par la suite, pas dispensé de son fameux sermont.

Citation :

Ophélie, tu m'as fait honte tout à l'heure. Ne peux-tu donc pas te contrôler et réfléchir avant de parler ?

Oui, elle l'entendait d'ici. Si son père avait été présent, il l'aurait pris à part et lui aurait fait une remarque. Quant à sa mère, elle aurait fait comme si de rien n'était et aurait adroitement changé de sujet de conversation.

Un instant, elle crû que le garçon allait reprendre la parole mais elle se trompait. Un peu déçue, elle se blottit davantage contre la fenêtre et ferma momentanément les yeux : comment allait-ce être Poudlard ? D'après les images qu'elle avait vu c'était monumental. Elle attendait de voir le château surtout, avec ses tours, ses oubliettes, ses passages secrets, ses arcades, ses salles de cours et ses cachots bien sûr !

Citation :

Tu es moldue ?

Ophélie rouvrit brusquement les yeux. Le jeune garçon venait de parler. Elle le regarda un moment sans rien dire, retournant la question dans sa tête sans en comprendre tout de suite le sens. Avait-elle seulement bien entendu ? Elle se sentirait si ridicule si elle répondait à côté... Elle rougit de nouveau.

Non. Mes deux parents sont sorciers et toi ?

Ce n'était pas très original comem réponse mais au moins elle parlait.

Peter se replongea quelques instants dans sa lecture. Soudain il entendit la voix de la jeune fille et redressa le bout de son petit nez. Elle était donc une sorcière. A vrai dire Peter s'en fichait : pour lui le sang n'avait aucune différence et on est tous des êtres humains. D'ailleurs en parlant de ça il espérait ne pas atterrir à Serpentard.

- Ma mère était une sorcière qui pratiquait des expériences de magies noires. Du jour au lendemain elle a disparut et on ne l'a jamais retrouvée... J'avais cinq ans... Et mon père est également un sorcier mais qui voyage souvent. C'est mon oncle d'Amérique, Felix Félafête qui s'occupe de moi.

Il replongea alors dans la pièce mais maintenant qu'il avait commencé à parler, la passion pour entrer dans l'oeuvre, pour vivre chaque instant de la poésie de ce grand auteur avait disparu. Peter referma donc l'ouvrage avec beaucoup de respect et le rangea avec précaution dans le sac qu'il avait gardé à ses côtés.

- J'espère aller à Serdaigle. J'adore cette maison - oh bien sur je ne la connais pas mais j'en ai tellement entendu parler dans les différents ouvrages que j'ai lu avant de venir ici. Tu sais que dans L'Histoire de Poudlard - un ouvrage magnifique soit dit en passant - ils disent que Rowena Serdaigle possédait un diadème perdu, d'une extrême beauté...

Il s'arrêta soudain, conscient qu'il était sans doute un peu trop barbant.

- Euh désolé... se contenta-t-il de dire en rougissant jusqu'au bout de ses grandes oreilles.

Si le jeune homme n’avait pas, tout d’abord, eu l’air très enclin à parler, il resta néanmoins poli et répondit à Ophélie de la manière la plus agréable qui soit.

Citation :

Ma mère était une sorcière qui pratiquait des expériences de magies noires. Du jour au lendemain elle a disparut et on ne l'a jamais retrouvée... J'avais cinq ans... Et mon père est également un sorcier mais qui voyage souvent.

Ophélie prit un air peiné. Elle qui regrettait d’être loin de sa famille et qui avait peur de ne pas savoir quoi faire sans eux. Elle se sentit coupable de s’apitoyer sur son sort alors que d’autres jeunes de son âge avaient beaucoup moins de chance qu’elle. Elle adressa au garçon un sourire compatissant. Cinq ans, il avait dû être absolument bouleversé par cette perte. Il lui semblait même que pour l’équilibre d’un enfant, il lui fallait grandir en étant entouré et par ses deux parents. Non, assurément, le garçon qui était en face de lui n’avait pas eu de chance.

Citation :

C'est mon oncle d'Amérique, Felix Félafête qui s'occupe de moi.

Félix Félafête ? La jeune fille trouva ce nom bien étrange, un peu ridicule même. Elle se prit à se demander quelle pouvait être la personnalité de cet homme. Était-elle à l’image de son nom ? Elle s’imaginait bien un boute en train, un éternel enfant dont la bonne humeur occupait la vie. Elle avait une folle envie de lui poser la question mais autre chose attirait son attention :

Tu a vécu en Amérique ? Alors tu as vu New York ? Manhattan ? Ton oncle vit de quel côté ?

Son ton était enjoué, presque passionné. Elle rosit néanmoins en songeant à son soudain emportement, croisa le regard du garçon et le détourna aussitôt : elle n’aimait pas être regardée dans les yeux, même pas les personnes qu’elle connaissait. Mais elle ne voulait pas que cette manie mette le jeune homme mal à l’aise c’est pourquoi elle enchaîna avec un seconde question :

Et ton oncle est sympa avec toi ? Ou plutôt du genre sévère ?

Pour le coup, elle était assez satisfaite d’elle-même car pour la première fois depuis le début du voyage, elle était parvenue à poser une question sans trop de spontanéité. Le futur élève qui se trouvait en face d’elle tenta vainement de se replonger de son livre mais le referma finalement et le rangea avec délicatesse. Un léger sourire apparut sur les lèvres de la jeune fille. Elle aimait les livres et les faisait bénéficier d’un soin des plus étonnant. A part son père, elle n’avait jamais vu qui que ce soit traiter un livre avec tant de précautions.

Citation :

J'espère aller à Serdaigle. J'adore cette maison - oh bien sur je ne la connais pas mais j'en ai tellement entendu parler dans les différents ouvrages que j'ai lu avant de venir ici. Tu sais que dans L'Histoire de Poudlard - un ouvrage magnifique soit dit en passant - ils disent que Rowena Serdaigle possédait un diadème perdu, d'une extrême beauté...

La conversation s’orientait donc sur Poudlard à présent. Alors comme ça lui aussi espérait se trouver à Serdaigle et de nouveau elle admira la culture qu’il avait lorsqu’il mentionna l’existence du diadème de Serdaigle. Les yeux d’Ophélie pétillaient d’admiration et de curiosité. Il lui sembla que le jeune garçon paraissait gêné et pourtant, elle ne comprenait pas pourquoi, c’est pourquoi elle répondit du ton le plus enthousiaste qui soit.

Pourquoi être désolé... Oui j’en ai entendu parler. Ma mère était à Serdaigle et elle m’a dit que la seule représentation de Serdaigle avec son diadème se trouvait dans la salle commune même. Je donnerais n’importe quoi pour la voir !

Son emportement était peut-être un peu trop important. Elle fit une courte pose, afin de se calmer un peu et reprit d’un ton plus modéré.

J’aimerais tellement aller à Serdaigle. Bien sûr d’excellents sorciers sont sortis de Gryffondor mais…

Elle ne savait pas vraiment comment expliquer cela.